Bienvenue sur les terres d'Oneira !

Aujourd'hui, nous sommes le jour de addë gilaor 1061.

La lune aujourd'hui, sur Oneira :

archer. Marcher sans s'arrêter. Marcher le jour et la nuit, un peu comme il écrit parfois ces suites de mots sans fin et sans sens. Avancer comme seulement sait le faire une rivière, mais cette fois sans se limiter à la mer. Marcher un peu comme pour se laver de toute impureté, et toujours progresser.
Il avait confiance en la création, mais on peut progresser tant dans le bien que dans le mal, un peu comme on passe en marchant des marais aux collines, des collines aux déserts. La vie, c'est juste marcher. L'épée au poing, ou une colombe dans la main, c'est l'affaire de chacun.
Il avait vu la naissance de quelques mondes, et inventé plusieurs dieux. Il avait été fils et père, il avait été ami et amant, il avait été ombre et lumière, sang qui perle, goutte qui explose, verre qui casse, lame qui tranche, feuille qui pousse, plume qui trace.
Aujourd'hui, il marche dans le vent terrible des steppes, demain, il marchera dans les montagnes, ou dans les plaines, il lui importait peu de savoir où il passait, pourvu qu'il avance.
Il croise des gens, parfois, des gens qui se perdent en lui, des gens qui l'ignorent, le fuient, le tuent, l'aiment. Mais tous disparaissent.
Si vite...
Au rythme de ses pas, cadencés comme une horloge, réguliers comme un lever de soleil, bruyants comme un océan, lui il avance, et laisse en arrière tous ces gens qui n'ont pas voulu de lui.
Il est le sage, il est le fou, à la foi devin et imbécile.
Mais au fond, il ne sait pas bien qui il est. La mort, la vie, et tant d'autres sont passés en lui, prenant son corps comme on prendrait un chemin, pour avancer encore, marcher toujours. Le jour, la nuit.
Ce qu'il écrit aujourd'hui, c'est tout ce qu'il restera demain. Ce qu'il est aujourd'hui est déjà mort pour demain.
Pour ceux qui sont devant lui, il n'est que cette forme qui avance et sème partout ces manuscrits insensés, ces mots désordonnés.